
C'est triste, car nous portons tous en nous le projet de l'humanité, et nous avons tous en nous la force de le perdurer.
Nous sommes un monde dans le monde. Mais nous l'avons oublié.

Créer fait peur.A celui qui crée, comme à celui qui rencontre la création. Dans les deux cas, un renversement des codes s'opère. A l'inverse, reproduire provoque le calme, et adoucit : le processus entre et participe à perdurer le sacro saint principe de la "reproduction", ce fondement même de notre biologie qui paufine notre propre téléonomie. Pourtant, notre évolution, si elle reste pavée de cette nécessité, elle l'est également par le hasard. Et, contrairement à la reproduction, c'est la création qui nait du hasard: de ces enchevêtrements de relations, de contacts de synapses, d'influx nerveux, de visions optiques transformées, de réactions chimiques, de senteurs, de mouvements, de touchers, de sensations, d'idées, de concepts etc. Tout cela n'apparaît que par "insignt" (le terme anglais est vraiment approprié ici), et reste au départ, toujours une réponse inédite. Une création. Définie.
Car la reproduction ferme la porte. Silencieusement, soigneusement. La création en revanche, l'ouvre. Comme elle agrandit les failles des murs, et déchire les pans béants des cloisons fines du quotidien, du prescrit et de l' "ainsi soit-il". La plus pretite création touche au divin. Elle nous élève. Nous porte au dessus de notre condition humaine.
Alors créer quelque chose sera toujours d'une inutile utilité. Parce que l'oeuvre peut être une réponse à notre être au monde. Même évasive, même incomplète, même incompréhensible. Son énigme est déjà
une réponse.

Le reste n'est qu'une accumulation d'outils utiles pour nos mains, et inutiles à notre esprit.

Même si notre production n'a rien de comparable avec ce que nous désirions en faire.
Le faire tout de même.
A partir de la, tout est sacré.
Celui qui franchit le Rubicon pour créer, signe un pacte avec le divin. Il devient intouchable. Immortel. Je le vénère.
Car je vénère son courage et sa croyance en lui-même, et au travers de son identité propre, en celle de tous les hommes.
Alors je vous le dis: créez! Peignez, jouez, écrivez, composez! Mais faîtes!
Et laissez des traces pour ceux qui suivront qui s'enrichiront de ça, pousseront d'autres murs, et ouvriront d'autres portes.
L'univers entier est en nous. J'en suis persuadé.
Les plus beaux voyages sont intérieurs.
Désormais.
Et pour longtemps.
http://www.oboutdistres.com/bienvenue-restaurant-o-bout-d-istres.html
Franck Martini, création de "Et puis le souffle de Gaudi", (composition sur l'origine et la vitalité du monde dans un vitrail en fleur, à l'image de ceux de Gaudi), au-dessous à droite, intérieur de la Chapelle St Sulpice d'Istres lors de mon 'exposition "Maestro" durant 3 semaines, en bas, avec à gauche Jean Paul Fournier , Maire de Nîmes et le Directeur des Trois Maures lors de mon exposition à l'ouverture de la Féria de Pentecôte. Articles et invitations. Photo Natso Compagnie.

